28/03  11/05/24
Renske Linders
"Revenge Dress"

Galerie d'Eylau

The Glass zoom, 19 x 24 cm, huile sur bois © Galerie d’Eylau
The Glass zoom, 19 x 24 cm, huile sur bois © Galerie d’Eylau

« À quelques pas du Palais de Tokyo, dans un quartier où les galeries d’art contemporain se font encore rares, la Galerie d’Eylau présente des artistes encore émergents, exclusivement en solo show. Du 28 mars au 11 mai, la Galerie d'Eylau présente une exposition de l'artiste néerlandaise et résidente à POUSH, Renske Linders. Dans Revenge Dress, Renske Linders explore les symboles de la féminité par des détails évocateurs. Une collection d'images dont la force narrrative invite à s'émanciper du mythe qu'elles incarnent.

Le bout d’un escarpin pointe une direction inconnue sur le plancher en bois massif. Les orteils sont sagement ordonnés dans le soulier vernis, d’un rouge grenat. Le cadrage serré à la rigueur quasi photographique et le format exagéré de l’objet confèrent à l’ensemble une impression de douce étrangeté. L’escarpin nous domine, presque menaçant. Dans cette œuvre intitulée The Shoe, Renske Linders offre une vision saisissante de l'objet ordinaire, transformant un accessoire féminin iconique en une énigme visuelle.

Avec son style proche de l’hyperréalisme, l’artiste s’attache à reproduire des objets du vestiaire féminin ainsi que des moments de vie, vécus ou symboliques, explorant la manière dont les femmes sont conditionnées dans leurs rôles sociaux. Dans ses œuvres où le visage est absent, elle transforme les sujets en fragments évocateurs qui attisent l’imaginaire. À la fois chacune d’entre nous et personne, les héroïnes s’effacent et d’elles, ne subsistent que des attributs, des attitudes. Chaque détail minutieusement représenté est chargé de sens, offrant aux œuvres une valeur narrative qui invite à l’introspection. […]

Ses œuvres, empreintes d'ironie et parfois d'absurdité, interrogent : comment subvertir ces codes ? L’artiste répond par un gros plan d’un bain de soleil en bord de mer : tattoo fleuri, bikini léopard et tanga à paillette. Car pour autant, elle n’a pas pour vocation de faire le procès des normes établies. La force de ses oeuvres est de ne pas rejeter cette culture féminine, mais plutôt son usage et de montrer comment cette dernière peut être utilisée au contraire comme facilitatrice de l’émancipation des femmes. À l'instar de la célèbre « Revenge dress » arborée par Lady Diana en 1994 à la suite de sa rupture avec le Prince Charles, Renske Linders célèbre la femme libre, indépendante. Dans ses œuvres, la lumière inonde de sa chaleur dorée, évoquant le crépuscule d'une ère révolue. C'est dans cette lueur enveloppante que s'expriment des messages empreints de résilience et d'affirmation de soi. Ils résonnent comme autant de cris de révolte et d'espoir pour un avenir où la femme retrouve pleinement sa voix et sa place dans le monde. »

Léna Payrard