29/03  30/06/24
Gaëlle Choisne
"Maât and The Teard of God"

Espace Croisé - Centre d'art contemporain, Roubaix
AWARE

Vue in situ de l'exposition « Maât and The Tears of God » ©  Espace Croisé
Vue in situ de l'exposition « Maât and The Tears of God » © Espace Croisé

Jusqu'au 30 juin 2024, Gaëlle Choisne, lauréate artiste émergente des Prix AWARE 2021, présente "Maât and The Teard of God" à l’Espace Croisé (Roubaix). L'exposition est coproduite par AWARE, en partenariat avec DCA – Association française de développement des centres d’art contemporain.

« Au sein de l'exposition « Maât and The Tears of God », il est question de mythologie égyptienne. Maât est la déesse de l’harmonie cosmique, de l’équilibre et de la justice. Il est ainsi question de rééquilibrage des imaginaires et du pouvoir réparateur des narrations alternatives. Gaëlle Choisne déploie, dans cet ancien couvent néogothique des Clarisses, ce qu’elle nomme des « tactiques compensatoires ». Ce pharaonisme gothique accueille en son sein les pièces Backroom, Tears of God, AURA/ARUA, SafeSpace, Love is Healing - Yeshua. Selon Chateaubriand : « Les Grecs n’auraient pas plus aimé un temple égyptien à Athènes, que les Égyptiens un temple grec à Memphis. » Il aurait aujourd’hui de quoi défaillir face à la proposition de Gaëlle Choisne : un temple égyptien à Roubaix, un couvent néogothique en Haïti.

AURA/ARUA opère par exemple selon l’artiste comme un « portail vertical ». Pour cause, elle est simultanément présentée dans le cadre d’une exposition collective, Ritual in Transfigured Time, organisée en Belgique, à Netwerk Aalst, en hommage à la cinéaste et danseuse américaine d’avant-garde, d’origine ukrainienne, Maya Deren. Ritual in Transfigured Time est le nom d’un court-métrage onirique qu’elle a réalisé en 1946. L’interprète d’AURA/ARUA est quant à elle l’artiste pluridisciplinaire haïtienne Ndoho Ange qui se met régulièrement en scène dans des autoportraits vidéo ou photographiques explorant le domaine de la transe et des rêves. Une alcôve accueille Love is Healing – Yeshua, deux bois de cerf mis bout à bout et recouverts de feuilles de cuivre et d’or. Yeshua signifie littéralement en hébreu « Dieu est un cri à l'aide ». C’est ce même Dieu invoqué, humanisé, qui laisse couler du plafond les larmes de verre spermatiques et cristalines de Tears of God. La présence de Dieu, en cri ou en larmes, dans les titres des œuvres de Gaëlle Choisne est davantage à entendre comme écoféministe et rituelle. Les sculptures se font blessures, pareillement réparations, puisque c’est la joie qui importe avant tout, explique-t-elle, le rire projeté face à la violence du racisme et de l’effacement des voix et des corps, des gestes comme des histoires. » 

Émilie Notéris