28/03  24/05/25
Noël Dolla
« Peintures 2018 - 2024 »

Galerie Ceysson & Bénétière, Saint-Étienne

Noël Dolla, GUERNIGAZA F1 +F2, 2024, 33 x 180 cm, x2 (DYPTIQUE 77 x 180 cm) © François Fernandez - Courtesy Ceysson & Bénétière
Noël Dolla, GUERNIGAZA F1 +F2, 2024, 33 x 180 cm, x2 (DYPTIQUE 77 x 180 cm) © François Fernandez - Courtesy Ceysson & Bénétière

La galerie Ceysson & Bénétière Saint-Étienne présente du 28 mars au 24 mai 2025 une exposition dédiée à l’artiste Noël Dolla. Accompagnant cette nouvelle exposition, reprenant la longue carrière de l’artiste notamment autour des tarlatanes, le carton de son invitation en est une parfaite introduction. Réalisé par Loupio Dolla, son fils, qui est aussi plasticien, il nous convie au sujet principal qui en émane, nous parlant, toujours de manière subtile, abrupte ou poétique, de peinture.

Comme un rébus qui serait dédié à cet artiste né en 1945 à Nice et cofondateur du mouvement Supports/Surfaces, l’image présente ce qui peut se référer au médium de la peinture, sans jamais la nommer... On y voit une œuvre encadrée et retournée, une pièce roulée, des outils de production, un niveau pour vérifier les linéarités et droitures, une équerre, une clef servant à resserrer les toiles sur les châssis, un tablier maculé, un dessin posé au sol qui confère également l’échelle de l’ensemble, puis une chaise... Comme un élément abandonné ou symbolisant l’attente, l’absence ou le départ... comme une forme de mobilier un peu rococo, un peu champêtre... une douce symbolique du Sud - elle serait d’ailleurs de celles qui siègent au musée Matisse - qui accompagne la manière dont se définit Noël Dolla, « un rigoriste baroque ». Sans montrer frontalement d’œuvre picturale, l’ensemble parle de peinture et des nombreuses recherches de sa carrière. De ces tarlatanes immenses qui se déploient jusqu’à plus de six mètres de long ou de large, tant leur mode de monstration est libre et peut même se présenter en volume au sol. De ces plis et replis qui occupent l’espace en fonction de la nécessité des lieux, de ces toiles plus denses en matière aux titres faisant référence aux violences du monde, de ces dessins plus doux sur papier japonais... tout évoque les notions d’impression, d’illustration, de leurre ou d’empreinte et la question de la représentation.

Depuis la fin des années 1960, Noël Dolla s’est inscrit dans cette réflexion qui, avec Supports/Surfaces, mais aussi BMPT ou d’autres groupes ou individus, refusait de reproduire pour donner à voir différemment. L’histoire de l’art n’en a, pour autant, jamais été absente, galvanisée par une passion pour l’expérimentation. À l’exemple de ces tarlatanes, élaborées depuis près de 50 ans par la même technique et révélant toujours leur lot d’indéfinis qui « permet de développer de grandes surfaces dans la légèreté ». À savoir, chaque toile est pliée, trempée, dépliée, observée, puis dans un second temps, repliée, retrempée, re-dépliée et à nouveau observée. Aérienne et surprenante, la peinture ne renvoie qu’à elle-même et à la réalité de sa conception. Ses tonalités demeurent douces, presque diffuses, résurgences lointaines de couleurs primaires. L’œuvre impose ses propres limites et se fait « peinture » par ce presque rien. Noël Dolla précise : « Il n’y a pas de narration définie, car la peinture ne raconte rien d’autre qu’elle-même et, au final, ce que je peins, n’est pas ce que je montre. »