17/05  19/07/25
Iván Navarro
« Cyclops »

Galerie Templon, Grenier-Saint-Lazare

Iván Navarro, The Eye, 2025, Néon, Bois, courant électrique, 122 × 244 × 30.5 cm. Courtoisie de l'artiste et Templon, Paris – Bruxelles - New York Photo © Thelma Garcia
Iván Navarro, The Eye, 2025, Néon, Bois, courant électrique, 122 × 244 × 30.5 cm. Courtoisie de l'artiste et Templon, Paris – Bruxelles - New York Photo © Thelma Garcia

Iván Navarro investit le Grenier-Saint-Lazare avec « Cyclops », une odyssée lumineuse entre mythe, cosmos et pouvoir du 17 mai au 19 juillet 2025. Alors que son ambitieux projet pour le Grand Paris Express, en gestation depuis près d’une décennie, l’artiste chilien Iván Navarro, renommé pour ses œuvres lumineuses, s’installe pour la première fois dans l’espace de la rue du Grenier - Saint - Lazare. À l’occasion de l’exposition Cyclops, il déploie un ensemble d’une dizaine de sculptures électriques qui transforment l’espace à travers d’hypnotiques jeux d’optique. Oscillant entre phénomènes célestes et réflexion sur les rapports de pouvoir, Navarro offre une intense immersion sensorielle et symbolique.

L’exposition s’enrichit d’un corpus d’œuvres tournées vers le cosmos, un thème cher à l’artiste, ancré dans son héritage chilien et qu’il explore avec constance depuis cinq ans. Présentées pour la première fois en Europe, ses sculptures typographiques, en « mots croisés » , entremêlent noms de constellations ou planètes. Les compositions murales, assemblées ou gravées dans le miroir, semblent suspendues entre poésie scientifique et abstraction lumineuse. 

Dans Lepton II et Zodiac Constellations, des milliers de points colorés ou de silhouettes stellaires sont gravés à la surface de miroirs sans tain, offrant un vertigineux jeu de reflets infinis. Au sous-sol, l’installation Sun Traffic met en scène des feux de signalisation affichant silencieusement le mot « sun », dans une pièce obscure. À la fois fascinantes et dérangeantes, ces cartographies imaginaires interrogent les frontières de l’astronomie, les schémas mentaux et l’anthropocentrisme.

La seconde partie de l’exposition prend une tournure plus politique. Dans la série Shell Shocks, des éclats de feux d’artifice, gravés sur des miroirs en forme de losange, évoquent les traumatismes d’après-guerre, et résonnent avec les préoccupations récur rentes de Navarro autour de la domination, du contrôle et de l’emprisonnement — autant de thèmes marqués par son vécu sous la dictature de Pinochet. Cette dimension est prolongée par plusieurs Eyes Charts, d’imposants tableaux reprenant le format des tests ophtalmologiques, où apparaissent des mots tels que « opress », « revolt », ou « rebel » : des échos directs aux soulèvements populaires ayant agité Santiago entre 2018 et 2020.

Enfin, l’exposition s’achève au sous-sol sur une section dédiée à son intervention artistique pour la station Villejuif - Gustave Roussy du Grand Paris Express, dont l’inauguration est prévue à l’été 2026. Maquettes, croquis et prototypes retracent près de dix ans de réflexion, en collaboration étroite avec l’architecte Dominique Perrault. Une plongée dans l’envers du décor, où art et urbanisme se rencontrent pour repenser et réenchanter l’espace public parisien.