26/09  22/02/26
« Nicolas Daubanes,
la main en visière »

Musée d’art moderne de Céret

Nicolas Daubanes, La Villa Medicis en feu (détail), 2025, limaille de fer incandescente incrustée sur verre, oxydée, 160 x 120 cm, collection Nicolas Daubanes. © Nicolas Giganto
Nicolas Daubanes, La Villa Medicis en feu (détail), 2025, limaille de fer incandescente incrustée sur verre, oxydée, 160 x 120 cm, collection Nicolas Daubanes. © Nicolas Giganto

Le musée d’art moderne de Céret présente le travail de Nicolas Daubanes du 26 septembre 2025 au 22 février 2026. Cette rentrée de l’art contemporain intitulée « Nicolas Daubanes, la main en visière » est l’occasion de découvrir un ensemble d’une dizaine de pièces marquantes, mêlant dessins à la limaille de fer et créations inédites.

Né en 1983 et diplômé de la Haute Ecole d’Art de Perpignan, cet artiste a été distingué par de nombreuses reconnaissances, dont le Grand Prix Occitanie (2017) et le Prix Drawing Now (2021). Son œuvre a été exposée dans d’importantes institutions en France et à l’étranger, telle que la Villa Médicis où il a été pensionnaire en 2024-2025. À la suite de cette résidence, il présentera des expositions personnelles au Panthéon et au musée de l’Armée à Paris.

Le travail de Nicolas Daubanes s’est fait remarquer par son approche des mondes de l’incarcération et de la révolte. Dans ses œuvres représentant des espaces carcéraux, à l’image de la Prison de Lyon ou Les spectateurs chez Piranèse, l’artiste utilise de la limaille de fer. Ce matériau peut évoquer l’évasion rêvée qui ne laisserait derrière elle que la poussière issue des barreaux sciés.

S’appuyant sur les travaux de Michel Foucault ou de Robert Linhart, Nicolas Daubanes étudie ces architectures de l’enfermement et leurs mécanismes de contrôle. Sa série des «Tours de Babel » s’inscrit dans la continuité de ses recherches en déployant la force plastique de la poudre de fer, tout en répondant au désir d’explorer la peinture classique. Le geste d’appliquer la limaille en descente et en montée devient la métaphore de la chute et de l’élévation de la destruction de la Tour de Babel. Cypress Hill II poursuit cette exploration de la peinture classique en référence au tableau L’Île des Morts d’Arnold Böcklin. Les cyprès, qui occupent la partie centrale de l’œuvre originale, deviennent sous la main de Nicolas Daubanes des formes évanescentes.

Au début des années 2020, Nicolas Daubanes entame de nouvelles recherches artistiques en utilisant le verre comme support. Sur ces surfaces vitrées, il fait apparaître des dessins grâce à la projection d’étincelles. Les œuvres telles qu’À la faveur de la nuit ou La Villa en feu sont ainsi réalisées avec l’incrustation de particules de fer sur le verre, un procédé qui relie le matériau à la thématique de l’enfermement déjà présente dans son travail.

En 2024-2025, lors de sa résidence à la Villa Médicis, l’artiste prolonge ces explorations autour de la lumière et des étincelles en créant des photogrammes. Il s’agit d’images photographiques obtenues sans appareil photo : une surface photosensible est directement exposée à la lumière produite par les étincelles, ce qui permet aux images de se matérialiser. Un exemple marquant de cette démarche est La serlienne de loggia Balthus, d’après Diego Velázquez. L’artiste transcrit la lumière des étincelles en motifs visuels, en poursuivant ses réflexions sur le passage du temps, la fragilité des matériaux et la fugacité de la lumière.

Ces œuvres inédites dialoguent avec un polyptyque monumental à la limaille de fer réalisé spécialement par l’artiste pour son exposition au musée d’art moderne de Céret. Celles-ci offrent un panorama représentatif des questions qui animent l’artiste depuis près de quinze ans autour des structures qui façonnent notre environnement.