Dans cet espace, ouvert en 2007, qui a dédié des expositions personnelles à de grands noms de l’art contemporain (Claude Vialat, Jacques Villeglé, Robert Combas, Richard di Rosa, Ben, François Boisrond, Bernar Venet...), Lionel Sabatté construit un parcours autour de sculptures récentes, puisque produites spécifiquement pour l’exposition, témoignant des dernières évolutions de sa réflexion artistique.
Prennent place ses Fragments, personnages composites et monumentaux évoquant, dans un jeu de correspondances historiques et archétypales, la statuaire classique et archaïque. Ces grands corps de femmes de ciment et de fer, positionnés à genoux, ont l’apparence d’artefacts archéologiques accidentés encore à moitié figés dans une concrétion géologique. Elles s’éveillent et semblent se mouvoir lentement, avec toute la grâce et la fragilité qui incombe à leur nature fragmentée. Une humanité et une sensualité archaïque s’en dégagent, à l’image des premières figures de Vénus préhistoriques. Et leur maladresse touchante nous fait hésiter : sont-elles en train de se désagréger ou de renaître au monde ? Femmes des cavernes à rapprocher de la fascination de l’artiste pour la Préhistoire et qui rappellent aussi l’installation in situ de grands personnages en ciment, ferraille et fibres végétales réalisée à l’intérieur de la grotte de Bédeilhac en Ariège (2019).
En regard, des « sculptures dessinées », créatures de ciment inédites, inaugurent un nouveau format qui permet d’accueillir des dessins que l’artiste réalise dans les anfractuosités du matériau, « comme des formes de vie qui se développent à l’intérieur de l’œuvre d’art » indique-t-il. La subtilité du dessin épouse le caractère brut des œuvres sculptées, réminiscences assumées de l’art des grottes.