La galerie Ceysson & Bénétière présente « Medley », une exposition personnelle de l'artiste Tania Mouraud à Saint-Étienne du 15 mars au 27 avril 2024.
« Medley présente l’œuvre plurielle, puissante et engagée de Tania Mouraud. Des pièces historiques y dialoguent avec des recherches récentes, depuis les Black Power des années 1980 jusqu’aux Shmues que l’artiste explore depuis 2019. Certaines pièces, telles que Trap (1990), de la série des Black Continent, y sont présentées pour la première fois en France.
Les langues déliées et acérées créées par l’artiste, sous la forme d’impressions, de gaufrages, de bas-reliefs et d’une peinture murale, côtoient des paysages sombres, saturés ou immaculés. Besod, la performance que l’artiste active, mêle phrases, images, chants d’oiseaux, cris d’animaux, bruits d’armes à feu et cris scandés en manifestation. Elle vient tracer un fil rouge qui relie les œuvres, comme une interrogation constante : quelles relations choisissons-nous d’avoir avec ce qui nous entoure ?
L’artiste souhaite par son œuvre « construire un monde où [elle pourra] mourir en paix ». C’est donc dans un tel espace qu’elle nous invite en créant une pièce blanche où le simple white cube se mue en un lieu de repos isolé du rythme effréné du quotidien. Là, Initiation space n°5 (1969) semble nous inviter à contempler les lieux. De la masse bétonnée est né un galet comme poli par les vagues, pareil à un zafu, ce coussin traditionnel de méditation zen. À son image peut-être, notre perception du monde peut-elle s’affiner, exercée déjà par les multiples écritures qui peuplent l’exposition. Toutes, en nous échappant, nous invitent à fournir un effort de lecture ou à nous abandonner dans le signe. Dans cette pièce blanche, sculptés à même le papier, les Gaufrages (2023) traduisent des expressions de tous les jours qui trouvent rarement leurs lettres de noblesse dans les lieux d’art contemporain. Là, le contraste de noir et de blanc disparaît : de la surface même émergent les signes. Leur délicatesse répond à celle des séries Nostalgia et Emergences (2019), où la végétation vient tracer le signe de son existence dans le paysage enneigé de Nijni Novgorod, en Russie.
Ainsi, comme dans une composition musicale, les thèmes qui traversent Medley se suivent et se répondent. Une harmonie s’élève dans l’espace, où les pièces récentes résonnent avec les œuvres historiques et leur font écho. Un refrain se fait entendre à qui l’écoute, qui nous rappelle inlassablement les luttes de l’artiste pour des relations pacifiées de l’humanité avec (et dans) le monde. »
Cécile Renoult