30/04  06/06/21
Chiachio & Giannone
Hope will never be silent

Centre d'art Transpalette, Bourges

Familia a seis colores #5, 2018, Mosaïque textile, 1,51m x 2,40m © Chiachio & Giannone. Photo : Nacho Lasparra
Familia a seis colores #5, 2018, Mosaïque textile, 1,51m x 2,40m © Chiachio & Giannone. Photo : Nacho Lasparra

Du 30 avril au 06 juin 2021, le Centre d’art contemporain Transpalette, à Bourges, présentera l’exposition « Hope will never be silent », des artistes Chiachio & Giannone, sous le Commissariat Julie Crenn.

En 1985, Cleve Jones, le célèbre activiste LGBTQIA+ américain, fonde le NAMES Project Memorial AIDS Quilt à l’occasion d’une veillée funéraire en mémoire d’Harvey Milk à San Francisco. Au départ, les noms des personnes emportées par le sida sont inscrits sur des cartons collés au mur. Cleve Jones se rappelle: «Debout sous la bruine, regardant les affiches absorbant la pluie et s’échouant sur le trottoir, je me suis dit, on dirait un quilt. Lorsque j’ai dit le mot quilt, je me suis retrouvé inondé de souvenirs de la maison, de la famille, de la chaleur d’un quilt lors d’une nuit froide d’hiver.» A l’anonymat et à la déshumanisation des statistiques, Cleve Jones lance un mouvement collectif consistant à coudre et à nommer. Dès 1987, des quilts (carrés textiles cousus et brodés à la manière de patchworks) sont disposés au sol. Sur chacun des quilts sont brodés les noms de victimes du sida. L’ensemble forme une installation monumentale visant à une prise de conscience politique. Le mémorial collectif rend visible et nomme un deuil de masse. L’action activée en 1987 et ne s’est jamais arrêtée depuis. Le NAMES Project Memorial AIDS Quilt s’est propagé dans tout le pays pour ne jamais oublier les personnes disparues. Chaque quilt est singulier. Il est composé de fragments de vêtements, de couleurs, de matières liées à un corps, à une histoire exceptionnelle. Assemblés au sol les uns près des autres, les quilts traduisent une mémoire collective, solidaire et joyeuse. C’est dans la continuité du NAMES Project Memorial AIDS Quilt que Chiachio & Giannone ont pensé Celebrating Diversities dont le troisième chapitre est aujourd’hui présenté au Transpalette à Bourges.

Le 17 novembre 2018, Chiachio & Giannone participent à la marche des fiertés à Buenos Aires. Les artistes argentins réalisent un immense drapeau formé de tissus et de vêtements aux couleurs de l’arc-en-ciel. Ces derniers incarnent des singularités au sein d’une famille plurielle : LGBTQIA+. Le drapeau est une des œuvres inhérentes au projet itinérant intitulé Celebrating Diversities (« célébrer les diversités ») présenté une première fois au CCK (Centro Cultural Kirchner) à Buenos Aires sous le commissariat de Gabriela Urtiaga. Le second chapitre s’est tenu au MOLAA (Museum of Latin American Art) à Los Angeles où pendant plusieurs semaines les deux artistes se sont installés dans les salles de l’exposition pour réaliser de nouvelles œuvres et des workshops, mais aussi récolter des témoignages et échanger avec les visiteur.se.s. Le troisième chapitre du projet se tient cette année au Transpalette – Centre d’art contemporain de Bourges. Chiachio & Giannone présentent les différentes œuvres réalisées entre l’Argentine et la Californie. Ils s’installent pendant un mois au Transpalette pour renouveler l’expérience de la résidence in situ, pour prendre le temps de prolonger l’écriture d’un récit à la fois intime et politique. Une résidence durant laquelle ils vont réaliser une œuvre spécifique à l’histoire LGBTQIA+ en France. Comme un prolongement de leurs recherches multiculturelles, Chiachio & Giannone rassemblent les mémoires LGBTQIA+ latino américaines, nord américaines et aujourd’hui européennes.

Le troisième chapitre de cette œuvre in progress dans le temps et dans l’espace est intitulé HOPE WILL NEVER BE SILENT (« l’espoir ne se taira jamais »). Il s’agit d’une citation de Harvey Milk (1930-1978), célèbre homme politique et militant pour les droits homosexuels à San Francisco. Harvey Milk est devenu une icône au sein d’une famille qui s’est construite dans la violence. Une famille de choix, de cœur, dont le mouvement est agi par la liberté de chacun.e à disposer de son corps et des mêmes droits que tou.te.s. Une famille en lutte : « La lutte est un lieu d’apprentissage. Elle transforme celles et ceux qui y participent en remettant en cause leurs visions d’eux-mêmes et du monde.