La galerie Ceysson & Bénétière Lyon présente jusqu'au 26 juillet une exposition dédiée aux œuvres de Marinette Cueco. Présentées sur les murs, les sols ou intégrées directement dans le paysage, ses œuvres imprègnent notre esprit d'une multitude d'informations sensorielles : visuelles, olfactives et tactiles. Ces pièces sont disposées pour frustrer nos sens – pas touche ! Des pièces délicates ou massives émanent une aura tout aussi puissante. Sensible et puissant, le travail de Marinette Cueco est dépourvu de sentimentalisme. Ce serait une terrible méprise de reléguer son œuvre au rayon poésie et joliesse sous prétexte d'un compliment (captivant, gracieux, ravissant) qui dénigre autant qu'il louange l'ouvrage des dames.
Les formes de Cueco Faber ne peuvent être poétiques, puisqu'elles sont conçues en dehors du langage. De son esthétique muette émerge ce qui est donné à voir. En parler est une autre affaire. Les éléments constitutifs peuvent être décrits par autant de syntagmes - chignon de pré, emmaillotage de galet, entrelacs de graminée, pelote d'ampelopsis, fagot de glycine, fuseau de chanvre - qui s'apparentent à des métaphores et régalent par hasard nos sensibilités linguistiques. Ne soyons pas dupe, l'esprit qui les fabrique demeure fermement matérialiste.
L'ambition de Marinette Cueco est de maîtriser la nature comme source de matériau mais aussi de formes. Botaniste à la manière de Jean-Jacques Rousseau, c'est-à-dire sans maître, elle herborise par rapport à sa démarche esthétique. Lorsqu'elle cueille la matière végétale, elle accomplit une tâche purement utilitaire, alors que traitement, mise en forme et ordonnancement de la matière végétale sont des activités créatrices.